Pétage de plomb

Elle aurait pu choisir n’importe quoi : « faire les magasins », « trier les documents », « s’occuper de la cuisine avec son super thermomix qui coûte un bras« , mais il a fallu qu’elle opte pour le truc qui allait la faire péter un câble le restant de la semaine : La « googlelisation » – eh, elle a vérifié, ça existe vraiment ce mot!

Dans mon lit, je googlelise à fond à partir du troisième jours post transfert. Tout y passe. Je me suis dit que ça allait peut-être m’aider à surmonter mes craintes durant cette attente. Mais là, allongée avec mon téléphone portable, je n’en menais pas large. Et j’ai carrément cru mourir d’une crise cardiaque quand l’information « le spasfon pris avant le transfert et après le transfert d’embryon permettrait de limiter les contractions utérines et permettrait audit embryon de s’implanter » est ressortie de ces recherches. Bordel?! J’ai oublié de prendre du spasfon! Avant, après, pendant le transfert. Bon, bah voilà, c’est foutu. Oui non mais attends, j’ai pas eu mal au bide moi. Ça se peut qu’on ait des contractions utérines sans avoir mal au ventre ? Je suis sûre que oui. Mon corps est tellement bizarre, il peut faire des trucs irréalistes de toute façon. Un SMS à Tom : « J’ai merdé, j’ai oublié de prendre un spasfon avant – pendant – après ». Le lendemain, Tom, il débarque avec quatre boîtes. Le dingue – où le drogué je sais pas trop en fait ?! Et puis tu as les copines qui te dissent que le spasfon elles, elles en ont pas pris. Et qu’elles sont sur le point de devenir de grosses baleines. Bon Okay. Ça se peut alors que sans spasfon je puisse devenir une baleine? On va se détendre. Puis Hope, elle m’a jamais parlé de spasfon. C’est que ça doit pas être très important.

Le lendemain, j’ai gobé des spasfons. Deux. Parce que je commençais à avoir mal au ventre. 9DPO (4 jours post transfert). C’est normal d’avoir mal au ventre alors que je sors de ménopause ? Je googlelise à nouveau. Mais personne à de réponses concernant un TEC sous ménopause artificiel avec mes douleurs. Alors j’enquête. Mais comme chaque femme est différente, parfois douleur il y a eu, parfois douleurs il y pas eu.  Alors me voilà derrière mon téléphone, à rougir de façon incontrôlable.

Les larmes ont fait leur apparition. Pourtant, malgré la bienveillance de chacun, les sanglots restent coincés dans ma gorge. J’ai les mains moites, j’ai chaud et je n’ai qu’une envie : taper tous les mots clés sur google concernant ces fichus DPO et cette attente interminable. Tout le monde a beau me dire que ça va aller, je me sens triste. Les heures tournent, je n’ai la force que de me prélasser au soleil et faire une cure de vitamines D devant de bonnes séries américaines. Le soir, je suis lasse d’être à l’écoute de ce corps. Je me sens seule et vulnérable. J’ai tellement peur que la petite étincelle blanche soit partie. Après tout, après ces 7 transferts ratés, pourquoi celui-ci serait différent ? Je suis tellement habituée à l’échec…Je fonds en larme. On me dit que demain tout ira bien. Demain, tout ira mieux.