Le score de la ponction

Le Rendez-vous à la Clinique parisienne est fixé ce samedi. Ils ne sont pas beaucoup à préférer ce moment de la FIV. Elle, c’est ce qu’elle préfère presque aujourd’hui. Ça sonne enfin la fin « de tout ça ».

7h00. Arrivés à la Clinique, nous nous présentons à l’accueil où nous remplissons les derniers papiers, établissons les chèques et sommes invités à nous rendre au premier étage. Nous sommes directement accueillis par l’infirmière de nuit, qui nous invite à  la suivre afin de nous installer dans une chambre, fraichement refaite. Notre infirmière fait un dernier checkup sur les papiers, et pose sur une table basse ma tenue de combat et un suppositoire qu’elle m’invite à insérer (Glamour). Prise de tension et habillée en tenue de combat je m’installe sur le lit, musique à fond pour me détendre, pendant que Monsieur Souris – aussi stressé que moi – est attendu pour son recueil.

8h20. Monsieur Souris remonte en chambre. Je l’ai transformé en discothèque d’ailleurs pour l’occasion. La musique me détend. Un petit coup de YouTube et c’est parti pour le show! Le brancardier vient me chercher. Je suis pendue au cou de celui que j’aime. Un geste absolu, un geste d’amour excessif. Un débordement d’amour jailli de mon moi-intérieur à ce moment là. Oui, nous, nous faisons des bébés avec des docteurs. Mais on s’aime d’amour. Et même dans ces moments là, il faut se le dire. C’est important.

8h25. Le brancardier installe mon brancard dans un couloir du sous-sol. Juste derrière la porte du bloc opératoire, où une femme se fait ponctionner et où de nombreux aller-retour ont lieu pour le personnel hospitalier dans la salle du bloc.

8h35. La collègue de docteur Hope me fera la ponction. Elle vient me voir et se présente à moi. Elle a l’air gentille. Hope m’avait prévenu. C’est la seule gynécologue qui est autorisée à s’occuper de ses patientes quand elle ne peut pas les ponctionner elle-même. Celle-ci me prend par la main, me fait faire des exercices de respiration et me promet que tout va bien se passer.

8h40. L’anesthésiste me pose ma perfusion dans le couloir et l’infirmier m’emmène au bloc. Alors c’est donc ça ? Des personnes et beaucoup de machines. Un fauteuil gynécologique avec des étriers, des tables roulantes,avec un matériel impressionnant qui sera probablement inséré dans mon vagin…bref, des trucs incompréhensibles pour un néophyte. L’infirmier me propose de quitter mon lit pour pouvoir m’installer sur le fauteuil. Je m’assois un instant et imagine ce qui va se passer. Ça va pas être rigolo à mon avis. Le masque mis sur mon visage, l’anesthésiste m’injecte le produit…mes yeux se ferment et puis…le flou et le sommeil.

[Silence on tourne ponctionne…]

Salle de réveil. L’infirmière crie  » Allez Mme Souris, on se réveille maintenant ». J’ouvre les yeux avec difficultés. J’ai envie de dormir. Et une douleur apparait sur mon ventre. Un petit regard autour de moi. Un homme et une femme sont à mes côtés. Ils sont en couples. Une question ne fait qu’envahir mon cerveau. Combien? Combien il y en a ? Un certain temps après, la gynécologue en personne vient m’annoncer le score : 14 ovocytes. J’ai du lui faire répéter 3 fois parce que j’étais à moitié endormie. Des larmes ont coulés le long de mes joues. C’est surréaliste. C’est trois fois plus qu’à ma première FIV où nous avions récoltés 5 ovocytes. Mon cerveau a du mal a y croire. 

10h00. Remontée en chambre, Mr Souris m’attend. Le brancardier lui dit que je vais bien, et que ça s’est bien passé. Lui aussi est pressé de savoir. Alors je lui bafouille  » je crois qu’elle a dit 14″. Il souri. Il est tellement beau quand il souri. Quelques minutes plus tard, on nous apportera une feuille, avec écrit en toutes lettres  » quatorze ovocytes ». C’est une chance. On en a conscience.

Ces 14 ovocytes seront poussés jusqu’au stade blastocystes – chose que nous n’avons pas eu l’occasion de faire à la première FIV – et congeler pour un transfert à la rentrée.

Monsieur Souris a du retourner au travail d’urgence. Je suis donc restée seule, à prendre mon petit-déjeuner et la Clinique m’a appelé un taxi que je n’ai même pas payé. Classe!

Dr Hope m’a arrêté jusqu’au 30 juin. Du coup, je vais pouvoir me reposer, profiter de me requinquer, et attendre des nouvelles de notre équipe de foot!

« La peur ne peut se passer de l’espoir et l’espoir de la peur »