Travail

PMA & Travail : 9 mois de changements

Flash-back. Il y a 9 mois, Mme Souris occupait un poste à responsabilité au sein d’une PME en banlieue parisienne. Il y a 9 mois, elle finissait à l’hôpital pour malnutrition, déshydratation et dépression à cause de sa connasse de collègue. Il y a 9 mois, elle a donc démissionné sans se soucier des conséquences que pourrait avoir cette décision sur la PMA.

Une semaine après avoir démissionné, j’ai repris le chemin de mon nouvel emploi. J’ai annoncé par mail à mon nouvel employeur le parcours PMA avant même d’arriver dans la société pour être totalement transparente. Il a apprécié. Je me suis dis que j’avais beaucoup de chance d’avoir cette fois un patron compréhensif. Mon enthousiasme fut de courte durée: Mon nouveau patron a trouvé bon d’annoncer à toute la société que je n’arrivais pas à procréer dans mon lit. Outre les sous-entendus bien blessants à table au déjeuner , j’ai appris cela au bout du troisième jours dans la société quand une collègue est venue me voir pour me dire « moi aussi j’aurai surement besoin de faire une FIV donc si tu as des conseils, je suis preneuse ». J’ai pris rendez-vous illico presto avec le patron pour lui dire mon mécontentement. Trois jours de boulot, me voilà dans la case infertile et gueularde. Il m’a annoncé que les gens n’en avaient strictement rien à foutre de mes problèmes de procréation. Soit. Ils en avaient tellement rien à foutre que ça parlait que de ça quand je n’étais pas là. Je lui ai donc annoncé que fin de semaine, je poserai ma lettre de fin de période d’essai. Le temps que je puisse éventuellement (avec beaucoup de chance) être contactée par d’autre société auxquelles j’avais postulé. Par chance, le soir même un entretien était programmé avec une entreprise […]

Entretien avec ma future responsable. Le courant passe vraiment bien. Je passe donc l’entretien numéro deux avec le patron dans la foulée. Le courant passe tout aussi bien. La réponse quelques jours plus tard est positive. Je pose illico presto ma fin de période d’essai et commence dans la nouvelle société une semaine après.

En plein protocole pour le TEC N°3, je justifie mes retards le matin par des examens médicaux prévus il y a un moment. Ma responsable ne me dit rien…jusqu’à ce fameux soir, ou, proche de la photocopieuse, prête à partir me faire piquer, elle me demande si je suis enceinte car je vais faire de nombreuses prise de sang le matin. Je rigole jaune. Si seulement… Prise au dépourvue, je lui ai dis « non non, je ne souhaite pas avoir un enfant dans l’immédiat ». Mon infertilité n’est pas assumée. Le lendemain, seule au bureau, elle viendra me demander si je suis en PMA. Prise une fois de plus au dépourvue, ne sachant pas mentir, j’ai lâché la bombe. Elle m’affirme que ce n’est rien, que des amies à elle sont passées par ce parcours *, mais qu’elle aurait aimé que je l’informe de mon parcours lors de l’entretien pour le poste [SIC]. Elle m’annonce s’être d’ailleurs permise de dire ses doutes au PDG. Un peu déplacé tout de même puisque ça ne restais que des suppositions – bien que bonnes – ,  j’ai demandé, suite à ça, un entretien avec elle et le big Boss. J’ai eu l’impression de les trahir, de ne pas avoir jouer franc jeu avec eux. L’annonce est faite :  Je suis en PMA, le projet bébé est en cours depuis maintenant 4 ans, mais on a besoin d’aide. L’annonce du texte de loi quant aux absences de travail liés à la PMA est quant à lui lâché également. Ils auraient pu trouver un moyen de mettre fin à ma période d’essai –  V’la que la nana commence son taffe et une semaine après elle annonce qu’elle va s’absenter fin de semaine pour se faire insérer un embryon stade J3…et sera potentiellement enceinte si ça prend – Il ne l’a pas fait. Bien au contraire. Le PDG m’annonce que ma vie personnel passe en priorité, et qu’il préfère que je sois aussi épanouie dans ma vie de couple.

Lors de la FIV N° 2, j’avais beaucoup plus de rendez-vous avec Dr Hope. J’ai donc annoncé le début des hostilités au PDG qui m’a annoncé que je pouvais faire soit du télétravail à la maison soit un planning aménagé de façon à partir beaucoup plus tôt le soir, et de commencer plus tard le matin, ce qui me permettrait de me reposer. J’ai trouvé ça très adorable. Et vous vous doutez bien que du coup, la FIV a été vécue de manière beaucoup plus zen. Sans pression de la part de la société.

Et les collègues dans tous ça ?

Forcément, dans une société ça blablate beaucoup. Tout le monde y va de son propre diagnostic. J’ai eu le droit à  » tu as une maladie super grave ? Incurable ? » à « tu es souvent au médecin toi dis donc » – eh ouais, si tu savais ce que j’y fais. Alors, après avoir observée longtemps les gens, j’ai pu en parler à certain(e)s. Et c’est fou comment leurs soutiens m’est si précieux. Merci à eux… Quant aux autres, pour eux, je suis la nana proche de la trentaine, qui clairement n’en a carrément rien à foutre d’avoir un mouflé à la maison. Ah…si seulement.

(*)Retour à la boss – cinquantaine d’années-  qui m’annonce qu’elle a pleins d’ami(e)s qui étaient en PMA. Des ami(e)s pour qui ça a fonctionné, avec de l’acharnement et un certain lâché prise ( ils ont adoptés et pouf!) et d’autres qui ont choisis un autre chemin   ( ils ont adoptés mais il y a pas eu de pouf…). Elle a été bienveillante avec moi au début du parcours. Toujours à me demander si ça allait. Au fil des conversations, j’ai appris qu’une de ses filles – mon âge – avait arrêté la pilule depuis un moment – même année que moi – mais que rien ne fonctionnait. Pour elle, c’est dans la tête de sa fille. Elle y pense trop. Et c’est là que je me demande, avec un certain recul, comment une personne ayant été proche de personnes infertiles peut se permettre de penser que ça ne se résume qu’à une histoire de psychologie? Puis, comment ne pas penser, chaque mois à ce ventre toujours vide quand tu vois débarquer tes règles, qui elles, ne manquent pas de te rappeler qu’un cycle passe encore, sans le Graal à l’intérieur de ton corps.

L’impression qu’ils bouffent des popcorns devant toi

« Est-ce que tu vas bien? »  ou bien « Alors, tu en es où » sont des phrases anodines. Mais parfois, j’ai l’impression que ces phrases, pour les personnes qui sont au courant de mon parcours dans la société espèrent un script digne d’un scénario de cinéma. Les questions sont demandées avec de gros yeux, comme s’ils attendaient de l’action, de l’animation, des rebondissement de folies… avec un bon gros pot de popcorns parce que les informations que je lâcherai croustilleraient presque comme le maïs éclatés dans la bouche. Alors j’ai mis les choses aux clairs : Je fais un bébé avec Mr Souris et assez de médecins pour rajouter des détails croustillants sur mes parties de jambes en l’air médicalisées. Si j’ai envie d’en parler, je raconterai des détails supers croustillants (ou pas!).

38 réflexions au sujet de « PMA & Travail : 9 mois de changements »

  1. Bon courage ! J’ai fait une rupture conventionnelle à mon ancien poste et j’ai profité pour lancer la pma durant mon chômage. Au final, mon tec a fonctionné durant ma période d’essai… depuis j’ai changé encore de travail et j’ai été embauchée enceinte ^^. Des fois faut pas se prendre la tête !

    J’aime

  2. Je suis scandalisée par ces propos. C’est complètement illégal de demander « a être prévenu » lors de l’entretien, la vie privée ils connaissent ? Et se baser sur ces infos pour un recrutement n’est qu’une discrimination sur l’état de santé de la candidate.
    Heureusement que dans ton histoire tu as croisé des gens compréhensifs et juste humain finalement.

    J’aime

    1. 😂😂 Bon ça va j’ai affaire qu à une coriace dans cette boîte. Sinon niveau arrangement ils sont plutôt pas mal, j’ai assez de chance. En fait c’est vraiment quitte ou double. L avant dernière boîte c’était chaud j’ai cru le tuer de mes mains le mec. 😃

      Aimé par 1 personne

  3. Comme quoi on ne peut pas dire que l’honnêteté paie toujours mais souvent quand même… Je me retrouve quand tu dis que les gens au courant attendent les dernières nouvelles comme s’ils étaient au spectacle… C’est ça parfois. Mais le spectacle peut être long et peu palpitant par moments… Mais qui donc a écrit ce senario à la con? En espérant qu’il y ai mis une fin heureuse !

    Aimé par 1 personne

    1. Moi perso ça a tjs payé l honnêteté. Même si au 2 précédents boulots ( bien que l avant dernier fut express et le tout premier un calvaire) il y a eu des informations lâchées aux autres salariés ( vive le confidentiel de la vie privée ) j’ai pu profiter des textes d absences sans qu on me fasse chier.
      Je sais pas pour le script, mais si on le trouve, on lui casse la gueule ? Sauf si la fin est une happy end 😉

      Aimé par 2 personnes

      1. Je suis d’avis qu’on attende la fin du film (avec un bon seau de pop corn) et si la fin nous plaît pas, on va lui péter la gueule!

        J’aime

  4. Ce que je retiens de positif quand même c’est que ta hiérarchie est au top !!! Quelle compréhension !
    Tu sais au sujet de tes collègues… ton ressenti est sûrement juste mais à l’inverse moi il y a des personnes au courant qui ne me posent jamais la moindre question et ça me blesse terriblement. Quoi ils en ont a ce point là rien à fouttre pour ne jamais demander « tu en es où » ?
    Bref chaque perception est différente…
    Des bisous

    J’aime

    1. Eh bien je préfère qu on ne me pose pas la question de mon côté. Parce que la PMA est une histoire de couple. On ne dit pas à ses collègues quand on arrête la pilule. On ne dit pas à ses collègues quel jour on a couché… pour moi c’est un peu pareil niveau pma. Ils savent pour ce parcours parce que j’ai voulu profiter du texte de loi pour les absences liées à la pma. Mais savoir où j en suis personne se le permet. Plus maintenant. Et ils ont compris. En revanche, ils me demandent si je vais bien, et ça, ça fait plaisir.
      J évite vraiment de mélanger vie privée et vie professionnelle. Ça fait jamais bon ménage en général

      Aimé par 2 personnes

      1. Notre conversation me fait réaliser que dans certains cas moi aussi je ne pose pas de questions pour ne pas être intrusive (sur la vie sentimentale de ma soeur par exemple)
        Mais tu vois tu dis que certaines personnes te demande comment tu vas, ce qui te laisse la porte ouverte à plus de confidences si le coeur t’en dit. Et même si tu répondrais toujours oui ça va c’est agréable de savoir que quelqu’un se soucie.
        Après il faut remettre les choses dans leur contexte ce sont des collègues certes mais on se voit en dehors on fait du sport ensemble on regarde game of Thrones ensemble et hier on a passé la journée ensemble chez une autre collègue fraîchement accouchée.
        Bon c’est sur si j’explique pas tout… Bref je voudrais simplement que parfois on me demande comment je vais

        J’aime

      2. Donc tu confirmes quece sont des amies (en plus d’être des collègues )…mais si tu sais même à une amie je ne demanderais pas. En revanche je lui dirai si tu as besoind’en parler de partager avec moi ton parcours ton quotidien pma n’hesites pas . Je me suis dit que si je suis amie elle voudra forcement se confier à moi…si elle ne le fait pas c’est par choix. Pourquoi si cela te fait mal…tu ne leur en parle pas de toi même ? C’est plus simple non ?si ce sont des amies elles t’écouteront et par la suite demanderont des news de ton parcours non ? Courage.. pour tout te dire moi j’en avais parlé au départ à des amis mais comme je vivais beaucoup d’échecs et que du coup dans la conversation elle ne me parlait que de leur grossesse j’ai carrément arrêter de leur parler de ça ça me faisait trop mal elles étaient complètement à côté de la plaque… Elles ne m’ont été d’aucun soutien quand j’ai eu mes fausse couches quand j’ai eu tous mes échecs… Puis cette dernière grossesse j’ai voulu la garder secrète jusqu’au bout et c’est celle qui a marché. L’une d’entre elles n’a pas compris pourquoi je ne lui en avais pas parlé nous nous habitons loin l’une de l’autre. Finalement mon mari et moi on a réussi tout seul à se soutenir mutuellement. C’est sûr que c’est pas facile mais tu sais des fois c’est pas si mal et ça nous forge parfois il faut au moins compter sur l’écoute des autres tu sais pas qu’est-ce qu’elles vont te dire en retour peut-être qu’elles auront des phrases maladroites et qu’au final tu étais mieux sans qu’elle te dise quoi que ce soit là dessus …

        J’aime

      3. En fait je suis assez ambiguë sur le sujet c’est sûrement ma faute mais en fait je voudrais juste qu’elles me demandent comment je vais…
        Dans tous les cas tu as raison mon oreille numéro 1 c’est mon chéri mais quand c’est trop lourd j’évite de lui rajouter mes angoisses il a déjà les siennes à gérer…
        Je me suis demandé si je ne devais pas leur en parler moi. Ça sortira peut être un jour
        Merci pour tes conseils en tt cas ! Je m’imagine déjà annoncer ma grossesse au boulot sans leur en avoir parlé avant « par vengeance  » 😈

        J’aime

  5. Ah ça… il y a des gens tu as effectivement l’impression d’être leur feuilleton. Moi y’a ma mère, qui attend « le prochain épisode » à chaque fois pour pouvoir le raconter à ses copines (et pas seulement, ma mère a l’art de raconter tout et n’importe quoi à n’importe qui)…
    En tout cas tant mieux si tes supérieurs sont bienveillants par rapport à tes absences c’est important.

    J’aime

  6. L’être humain est curieux et en plus il a une certaine perversion en lui.
    Pourquoi aimer regarder un taureau se faire tuer dans une arène ?!
    C’est le côté noir de chacun.
    Mais heureusement il n’y a pas qu’eux il y en a de belles qui sont sincèrement humaines.
    De gros bisous 😘

    Aimé par 1 personne

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.